Vendredi 04 octobre 2013

Tous les employés sont au travail à l'heure, à leur poste.

9h30 - La directrice des ressources humaines, sur demande du président, demande que tous les accès aux réseaux sociaux soient remis avec les anciens mots de passe.
Tous les accès administrateur (mot de passe et email) de l'entreprise avaient été demandés une semaine auparavant pour des raisons de sécurité. Comment pouvions-nous imaginer la vraie raison ?
La veille, après avoir vu l'équipe de sécurité en place, les employés avaient décidé de changer les accès pour pouvoir apporter une réponse aux vendeurs indépendants sur les réseaux sociaux (la communauté, tous réseaux sociaux confondus, s'élève à plusieurs dizaines de milliers de personnes).
Mais la direction régionale et mondiale surveille maintenant tous les faits et gestes des employés de la filiale française. Nous nous sentons pris au piège. A 15 h 34 le vendredi, tous les accès sont changés. Plus personne au sein de la filiale française n'a accès à sa propre communauté et à ses réseaux sociaux et les sites ne peuvent plus être administrés.


10h - Tous les employés sont convoqués par le président. Il explique la procédure et répond aux questions.
"J'ai déjà eu des personnes à licencier dans ma vie, mais c'est la première fois que j'ai à le faire sans savoir quoi leur dire, quoi leur donner en termes d'indemnités de licenciement"




Le président assure à ses employés qu'il faut continuer de travailler comme d'habitude. Il faut répondre aux demandes de nos collègues dans les autres pays et assister aux conférences téléphoniques comme d'habitude.

Après la réunion avec le président, 4 groupes de travail s'organisent :

- Pour les commerciaux sur le terrain, un groupe est créé pour les soutenir face à leur isolement géographique. Des personnes les appellent, les écoutent et font remonter leur ressenti. La communication aux 10 000 vendeurs indépendants s'organise aussi pour que les employés sachent quoi leur dire jusqu'au 09 octobre, date de la réunion extraordinaire du comité d'entreprise.

- Pour les employés du siège et du terrain, un groupe d'aide à la recherche d'emploi est créé pour aider les employés à faire un CV, à le mettre à jour, les conseiller et leur faire passer des entretiens fictifs dans le but de les entrainer.

- Un groupe est créé pour permettre la formation de ceux et celles qui souhaitent se perfectionner en profitant de l'expérience et de l'expertise de leurs collègues sur les logiciels de bureautique et les langues comme l'anglais ou l'espagnol.

- Le dernier groupe se concentre sur la stratégie et la communication à adopter. Il commence par la recherche d'un avocat spécialisé dans la défense des salariés face à la fermeture abusive de leur entreprise. 2 rendez-vous sont pris pour la semaine suivante.

Parallèlement, les employés se sont réunis par service pour collecter les questions et aider le comité d'entreprise à les soumettre au président avant le vendredi soir pour qu'il revienne avec des réponses concrètes le 09 octobre.

La nouvelle commence à se diffuser dans les autres filiales européennes du groupe. Les employés des autres filiales sont choqués de n'avoir vu aucune annonce officielle ni même une communication verbale au sujet de ce qui touche leurs collègues en France, avec qui ils travaillent au quotidien.
Certains expriment leurs propres craintes concernant leur filiale et leur avenir.

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All employees are here on time. 

9:30 am - The HR manager suggests, on the Country Manager's request, that the access to the social networks of the company be changed to the former ones. 
All accesses were had been required by the global managers a week earlier for security reasons. But how could we imagine the real reason? 
The day before, after seeing the security agents, the employees had changed the accesses (password and email) to be able to communicate with the direct sellers (a community of several dozens of thousands of people on multiple social networks). But the global services are now looking closely at the actions of the employees. We feel trapped. At 3:34 pm on Friday afternoon, all accesses were blocked. We have no more access to the French community, to its social networks. We can't administrate the websites anymore.

10am - All employees are asked to attend a meeting with the Country Manager. He explains the procedure and answers questions. 

"This is not the 1st time I fire people, but it's the 1st time I do it without knowing what to say, without offering them any compensation."

The Country Manager tells the employees that they need to work as usual. They need to keep answering the messages of their French and European colleagues and attend all phone conferences. 

After the meeting with the Country Manager, 4 working groups are created: 

- The 1st one is dedicated to the support of the workers on the the field in order to support them, who are alone. People call them, listen to them, and get feedbacks on their feelings. The official message to give to the 10 000 direct sellers is developed so that the employees can answer their questions until October 9th, the day of the extraordinary meeting of the Works Council. 

- For the headquarters' employees and the workers on the field, 2 groups related to job seeking are organized. One is about CVs and how to find a job. Its aim is to help the employees to write their CV, to update it, to advise them, and to simulate job interviews in order to train them. The other one is more about developing one's professional skills by taking advantages of one's colleagues' skills on office softwares or foerign languages like english and spanish. 

- The last group works on our strategy and communication. They first looked for a lawyer specialized in abusives closures of companies. 2 meetings are already planned for next week. 

Apart from that, the employees meet by department to give all the questions they have to the Works Council. They give them to the Country Manager so that he can come back with concrete answers on October 9th. 


The news is spreading around, within the other subsidiary companies in Europe. The European employees are worried: they didn't get any official announcement about what is going with their colleagues in France, with whom they work daily, not even an unwritten one. They are also worried about their future. 

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