Jeudi 03 octobre 2013

La journée débute normalement. La secrétaire du comité d'entreprise est convoquée par le président à 15h.
Elle ressort 15 minutes après, remplie d'émotions.
Elle passe par chaque bureau du siège et nous demande de nous réunir tout de suite dans la grande salle de réunion.


15h45 - La secrétaire du comité d'entreprise annonce à l'ensemble des employés du siège, tous réunis autour d'elle, que la réponse est négative. Que le pire scénario est en train de se produire. Que les actionnaires ont refusé les propositions de restructuration envoyées par le président en août 2013 et, de fait, ne veulent plus mener d'activité commerciale en France.

La cessation de paiement est prévue pour le 23 octobre 2013. Les salaires d'octobre seront payés, nous dit-on. Ensuite, la déclaration de cessation de paiement sera transmise au tribunal de commerce.
On nous explique qu'une période de 45 jours débutera ensuite, période durant laquelle un mandataire sera nommé pour confirmer la cessation de paiement et décider le redressement ou la liquidation.



...

C'est un choc pour tous les employés. Certains pleurent. Tous se taisent.
La secrétaire du comité d'entreprise émue jusqu'aux larmes dit qu'elle ne pouvait pas attendre encore une semaine et faire patienter les gens avant d'annoncer cette terrible nouvelle à ses collègues de travail.

La mobilisation se créé instantanément. Les employés veulent tout faire pour sauver leur emploi, si c'est encore possible, ou simplement partir dignement et avec respect.

Avec respect, oui. La direction mondiale a délibérément abandonné sa filiale française en mars en la recapitalisant... dans l'ultime but de la liquider quelques mois plus tard. Cela signifie qu'il n'y a pas de plan social, que ce n'est pas la direction mondiale qui paiera pour les licenciements mais l'Etat français. Les employés peuvent être licenciés avec le minimum légal, même si certains travaillent ici depuis 25 ou 30 ans.

Le comité d'entreprise et les chefs de service s'organisent pour prévenir rapidement les commerciaux. Les directeurs de régions en premier à 17 h 30. Puis l'ensemble des commerciaux régionaux à 18h30.
Les réactions sont identiques à celles du siège : c'est un choc immense.
Seulement, à la différence du siège, les commerciaux sont seuls sur le terrain, ce qui les rend encore plus seuls, vulnérables.

Les directeurs de régions appellent leurs commerciaux juste après l'annonce pour les soutenir, les écouter et répondre à leurs questions. Des appels sont prévus pour les jours qui vont suivre.

Depuis le départ du président du siège, la direction mondiale a dépêché son chef de la sécurité régionale sur place ainsi que 6 hommes et 1 femme, les "Men in Black". Ils campent devant les locaux et surveillent. Ils finissent par entrer dans le bâtiment et restent sur le palier.
Ils ont demandé au responsable de la sécurité de l'entreprise de leur fournir un accès 24 h sur 24, afin qu'ils puissent passer la nuit dans les locaux.
Pouvez-vous imaginer cela dans une entreprise essentiellement féminine?
Les employés sont extrêmement choqués par la manière dont ils sont jugés par la direction mondiale et l'humiliation qu'ils subissent.
L'équipe de sécurité demande à tous les employés de quitter les lieux à 20 h au plus tard. Les bureaux sont inspectés pour voir s'il reste un employé. Ils demandent quelles personnes ont un accès 24 h/24 au bâtiment et demandent leur accès.
Ce sont seulement certains chefs de service qui ont cet accès. Ils sont quasiment sûrs d'être sous écoute : une manipulation leur a été demandée sur leur téléphone professionnel le 29/09 au matin.

Au final, les employés ont quitté les locaux dans le calme, encadrés par un dispositif de sécurité couteux et démesuré mis en place par la direction régionale et mondiale.


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The day starts as usual. The Works Council secretary is asked to attend a meeting with the country manager at 3pm. 
She is out of his office 15 minutes later, she is really shocked. 
She goes to each office  and asks us to be in the big meeting room now. 


3:45pm - The Works Council secretary announces to all the employees in the meeting room that the answer is negative. That the worst is happening. That the shareholders refused all the restructurating plans proposed by the Country Manager in August 2013. As a consequence, they want to stop all their commercial activities in France. 

The suspension of payments is planned on October 23rd 2013. We are told that our salaries will be paid for October. Then, the official suspension of payments will be registered at the Commercial Court. We are told that a 45 day observation period will be planned, with an official proxy named to confirm the liquidation. 

...

This is a shock for all employees. Some of them cry. All remain silent. 
Touched to tears, the Works Council secretary says that she couldn't wait for another week to announce this, make people wait and then give that terrible news to her colleagues. 

There is an immediate mobilization. The employees want to make everything they can to save their jobs, if it's possible, or at least leave the company with dignity and respect. 

With respect. The global managers deliberately abandoned the French subsidiary company in March 2013 by recapitalizing it... in order to close it a few months later. This means there's no restructuring plan, that the global group won't pay the redundancies, that the French State will. The employees are going to be fired with the minimum social aids, even those who have worked in the company for 25 or 30 years. 

The Works Council and the managers get together to announce the news to the sales people. First, the District Managers at 5:30pm. Then, all the Zone Managers at 6:30pm. 
The reactions are the same: this is a huge shock. 
However, unlike at the headquarters, the sales employees are alone on the field, which makes them really vulnerable. 

The District Managers call them immediately after the announcement in order to support them, listen to them and answer their questions. Daily calls are planned for the following days. 

Since the Country Manager left the building, the global managers sent their Regional Security Chief, with 6 men and 1 women: the "Men in Black". They plant in front of the building and look. They manage to enter the building afterwards. 
The Security Chief of the company was called to guarantee a 24h access to the building and spend the night within the building to make sure nothing happens. 
Can you imagine that in a mostly feminine company? 
The employees are shocked by the way they are considered by the global managers and the humiliation they are suffering. 
The security team asked all the employees to leave the building before 8pm. All offices are inspected to check if no one remains. They asked the employees who have a 24h access to the building to give it back. 
Only the managers have one. They are pretty sure to be under phone-tapping, since they all needed to choose a new password for their professional mobile phone last Sunday, Sept. 29th. 


At the end, all employees left the building in a very peaceful and calm way, surrounded by an expensive and excessive security service. 

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